Les canapés parisiens vont-ils s’affaisser davantage sous la charge omniprésente de fessiers désertant un peu plus les salles de bistrots et les rues de Paris ? Quand deux représentants des tendances lourdes de la restauration – burger et livraison à domicile- s’accordent dans un partenariat, ils le font bruyamment savoir. Ainsi, le 5 septembre, Big Fernand a lancé un partenariat avec UberEATS, la filiale d’Uber spécialisée dans les créneaux de la livraison des « plats » à domicile. Les Parisiens peuvent commander et se faire livrer leurs hamburgers de Big Fernand qui a même créé pour l’occasion un burger baptisé Hubert ! ( NDLR : Du nom du Saint patron des chasseurs…qui a dû apprécier. )
Il s’agit d’abord d’occuper le terrain de la com. En juin, Deliveroo annonçait un partenariat avec le chef Christian Constant et ses « Cocottes ». Un mois plus tard, le leader du marché levait en bourse 275 millions de dollars… Mais l’argent ne coule pas à flot pour pour tout monde car l’activité est loin d’être rentable pour l’instant. Le belge Take Eat Easy a, quant à lui, annoncé sa mise en redressement judiciaire avec pour résultat des dizaines de cyclistes livreurs sur le trottoir. Preuve que le marché n’est pas extensible. Même si, depuis les attentats du 13 novembre, la livraison de repas à domicile a connu un coup d’accélérateur.
Difficile comme toujours avec cette « économie collaborative » de mesurer l’activité réelle puisque les comptes sont rarement publiés. Beaucoup dans le CHR parisien voient dans ce recours aux livraisons une béquille qui apporte un surcroît de chiffre d’affaires de 10 à 15% en moyenne voire plus dans le cas d’affaires ouverte le dimanche soir, ce qui par les temps qui courent n’est pas négligeable… Encore faut-il prendre en compte la commission de 15 à 25% versée par le restaurateur. Christian Constant qui a mis 4 plats en livraison nous a confié réaliser un chiffre d’affaires quotidien de 500 à 800 €.
Pour ceux qui y ont recours, les bugs ne sont pas virtuels surtout quand les boîtes s’empilent sur le passe durant le coup de feu quand le livreur est en retard. « Et dans ce cas pour le client, le responsable c’est le restaurateur» explique Olivier Marzetto, patron du BBQ Bistrot dans le 2e arrondissement, qui avoue être confronté une fois par mois à ce type de mésaventure avec UberEATS. «Le restaurateur a plutôt intérêt à privilégier la salle que les livraisons sinon il risque de perdre ses clients» conseille Marcel Bénézet du Synhorcat (syndicat des cafetiers parisiens) très vigilant sur ces évolutions. «Nous voulons avoir un œil sur les contrats a fortiori s’il s’agit de particuliers qui font à manger chez eux car il y a un risque sanitaire» poursuit-il. Au delà, ce dernier qui est aussi élu à la Chambre de Commerce d’Ile de France, souligne qu’une croissance forte de ce système, conjugué à la chute du tourisme pourrait être porteuse de risques pour la « commercialité » de Paris. Avec la crise historique que traverse la restauration, le secteur du CHR risque d’être sérieusement mis à mal. Que vaudront alors les fonds de commerce de restaurants désertés ? Et à quoi va ressembler Paris si plus personne ne s’y aventure plus le soir ? Une Ville Lumière pour livreurs …