Depuis 160 ans, Au Père Lapin incarne un bonheur de vivre à la française tout près du Mont-Valérien. Il doit d’ailleurs son nom aux terrassiers creusois venus bâtir la forteresse de Suresnes qu’on surnommait « lapins » pour leurs galeries. Et ouf, la gibelotte de lapin fermier vendéen ( 24,50€) est toujours au menu.

Les deux associés, Johann Caillot en salle et Guillaume Delage en cuisine, forment depuis vingt mois un tandem gagnant. Ils ont profité des confinements pour rendre leur lieu plus chaleureux en accentuant son côté champêtre. Paris est à nos pieds et la Tour Eiffel semble se hisser du col pour se faire voir entre les arbres. Les assiettes caressent de vieux rêves – jamais oubliés…- de convives français à la recherche d’une cuisine bourgeoise. A la respectueuse des canons mais primesautière tels que magret de canard du Lot rôti sur coffre, blettes et fenouil (25 €) ou paleron et langue de veau au saté, riz croustillant (24,50€).



Le truc de la maison c’est le passage barbecue sur la terrasse. Juste pour saisir mais c’est ce qui donne ce petit goût. Même les ris de veau acidulés avec leur petite béarnaise n’y échappent pas. Et c’est une belle découverte. Le chef songe à y passer des rognons dans leur graisse.

Avant d’atterrir au Père Lapin en décembre 2019, Guillaume Delage a développé son savoir-faire au contact des grands toqués. Six mois chez Michel Bras à la sortie du Lycée Hôtelier de Souillac, sept ans chez Pierre Gagnaire avant d’ouvrir son Jadis dans le 15e. Un simple tour au marché fait bouillir la caboche de ce faux calme qui se met à imaginer mille recettes. Le fait d’avoir vécu dans le même village où Blondin passait ses vacances l’a marqué. C’est peut-être de là qu’il tire son côté facétieux comme avec un vol-au-vent insolite (12€) dont le feuilletage magnifique ne contient que de l’air… La garniture en cassolette est servie à côté. Pour son lièvre à la royale, il a puisé son inspiration autant chez le sénateur Couteaux ( Sénateur de la Vienne sous la 3ème République connu pour cette recette) pour l’effiloché que chez Antonin Carême.
Car la saison de la chasse inspire cet enfant du Limousin dont les farces au foie gras tempèrent la puissance du gibier. Ainsi en va-t-il de sa crépinette de grouse servie avec trompettes de la mort et de blettes (39€) ou de sa tourtière de colvert et foie gras servie pour deux personnes (35€/pers). Grand moment charnel. Dès la première bouchée, une sauce au choux rouges relevée d’une pointe de cassis vous titille le palais. Bon à savoir aussi ,les terrines savoureuses du chef peuvent s’emporter.



En fin de parcours, le Paris-Brest maison (12€), grand comme un freesbee viendra clore sans fausse note cette pastorale gastronomique. Préparé à la commande, ce miracle de pâte à choux aérienne entretiendra durant quelques temps cette impression de flotter avec grâce au-dessus de Paris.
Au Père Lapin
Fermé dimanche soir.
186 Boulevard Washington – 92150 Suresnes – Tél : 01 45 06 72 89