Dans l’Aube chez les viticulteurs de Chassenay d’Arce, on a commencé à vendanger les pinots noirs avant les chardonnay. Et ce dès le 6 septembre. La récolte 2023 promet d’être belle et féconde. On peut s’en rendre compte sur la parcelle du Val Billier, située sur la commune de Ville sur Arce, une parcelle test pour la cave de Chassenay d’Arce. Les pieds de pinot noir ploient sous le poids de grappes généreuses.

«La charge est exceptionnelle cette année» explique Angélique Viardet, propriétaire de cette vigne en coteaux, bien exposée et entourée de bois. Le rendement maximum de 11 400 kg/ha fixé par le Comité Interprofessionnel des vins de champagne sera largement dépassé.





Chez Chassenay d’Arce, on assure avoir réduit les traitements de 70% sur les 5 dernières années. Une chose est sûre pour l’équipe de direction, la recherche de la durabilité passe par la chasse au superflu. Ainsi les étuis cartonnés destinés aux cuvées devraient disparaître cette année, de même que les collerettes. Ce grand dépouillement est aussi une façon de casser les codes champenois, comme l’explique en substance Manuel Henon, le directeur général de la cave. Cela va dans le même esprit que la volonté affichée de faire davantage de cuvées mono-cépage. Et de répondre aussi à la demande de marchés étrangers. Car les ventes à l’export dépassent désormais les 50%.
Reste qu’en terme de passages en bio, la coopérative peine à convaincre ses viticulteurs à franchir le pas. Année après année, la superficie des vignes bio n’augmente pas, plafonnant à 3% du vignoble. Soit moins de 10 hectares sur une superficie totale de 315 ha …«Même si on paye plus cher les raisins bio, le fait d’avoir une récolte compromise tous les 5 ans fait réfléchir beaucoup quant à la perte de revenus générée qui peut atteindre 30%» explique-t-on. Dommage car la bien nommée cuvée Audace 2014 bio et extra-brut marque autant l’esprit que le palais avec un nez de mirabelle, une bouche d’une grande fraîcheur et de nobles amers. On serait tenté d’en boire plus souvent.