Le Saint-Nicolas de Bourgueil est le vin de Loire qui fait souvent consensus dans les brasseries. Digeste, fruité, parfois frais et surtout pas clivant, il peut «marcher» autant avec une salade de haddock qu’un jarret de porc. L’une des explications de cette bonne fortune tiendrait au cabernet franc, cépage phare de saint-nicolas de bourgueil qui donnerait des grains plus précoces sur les hautes terrasses de la rive droite de la Loire.
Sauf qu’il y a en fait trois types de sols : des graviers limoneux proches de la Loire, des sables et graviers en terrasse et du tuffeau en coteaux. Cela offre une palette d’expressions allant d’un profil souple et fruité à des matières plus denses et charnues faites pour la garde … C’est aussi dans le tuffeau qu’ont été creusées au fil des siècles les dizaines de caves troglodytiques où les viticulteurs font vieillir leurs cuvées à l’abri des fracas du monde.

Sacré Saint-Nicolas de Bourgueil ! outre son prénom de père Noël, un certain nombre de spécificités expliquent également sa bonne étoile. L’appellation s’étend uniquement sur le territoire de la commune éponyme. Surtout, elle ne compte qu’une centaine d’indépendants qui ont pris l’habitude de collaborer pour répondre aux défis de l’époque. Par exemple, en installant des éoliennes contre le gel.
Nombre d’entre eux comptent parmi leurs clients des particuliers fidèles et des établissements CHR plutôt que les centrales d’achat de la GD. Au contraire de leurs voisins de l’AOP Bourgueil, davantage abonnés aux promos des linéaires, pas toujours bénéfiques en terme d’image.
Pour autant, sur bien des cuvées génériques, bien malin ou ultra-doué celui capable de distinguer à coup sûr entre les deux appellations lors d’un test à l’aveugle. Alors cette subtile distinction entre Saint-Nicolas de Bourgueil et Bourgueil est-elle vraiment fondée sur la nature du terroir ? N’est-elle pas plutôt la résultante historique d’un cloche-merle ligérien qui puise son origine suite à la décision de l’ancienne paroisse Saint-Nicolas de quitter Bourgueil et de construire une nouvelle église en 1834 . Cette personnalité sera affirmée plus d’un siècle plus tard avec la création d’une appellation strictement limitée au territoire communal.
L’histoire appartient aujourd’hui au folklore et la distinction est souvent rendue relative du fait que bien des acteurs de la vigne ont un pied dans chaque appellation. Reste le bio qui représente 20 % du vignoble et progresse plus lentement à Saint-Nicolas qu’à Bourgueil.… Depuis les poussées de mildiou de l’été 2018, la conversion s’avère plus risquée. Il faut pouvoir tenir les premières années avant de retrouver une vitesse de croisière. Mais ce sera peut-être, à terme, le prix à payer pour les vignerons de Saint-Nicolas s’ils souhaitent qu’on continue à l’avenir de surnommer leurs vins « la redemande ».
Carte d’identité de l’appellation
Date du décret de l’appellation : 1937
rendement maximum 55 hl/ha
Superficie : 1080 ha
Cépages : Cabernet franc (principal) et Cabernet sauvignon : 10 % de l’encépagement
Couleurs : rouge à 97%, rosé 3%
Nombre de vignerons : 96