Entre les tartufes du terroir et les « bons apôtres » qui se sont donné vocation de nourrir la planète, à l’exemple d’un bon chrétien, d’un bon juif ou d’un bon musulman, le bon gourmet aura à cœur de revenir puiser matière à réflexion à la source des textes. Ainsi de cet
extrait tiré de la Physiologie du Goût par Jean Anthelme Brillat-Savarin –
Méditation III de la Gastronomie
La gastronomie est la connaissance raisonnée de tout ce qui a rapport à l’homme, en tant qu’il se nourrit. Son but est de veiller à la conservation des hommes, au moyen de la meilleure nourriture possible.
Elle y parvient en dirigeant, par des principes certains, tous ceux
qui recherchent, fournissent ou préparent les choses qui peuvent se convertir en aliments.
…La gastronomie tient :
A l’histoire naturelle, par la classification qu’elle fait des substances alimentaires.
A la physique, par l’examen de leurs compositions et de leurs qualités
A la chimie, par les diverses analyses et décompositions qu’elle leur fait subir.
A la, cuisine, par l’art d’apprêter les mets et de les rendre agréables au goût.
Au commerce , par la recherche des moyens d’acheter au meilleur marché possible ce qu’elle consomme, et de débiter le plus avantageusement ce qu’elle présente à vendre.
Enfin, à l’économie politique, par les ressources qu’elle présente à
l’impôt, et par les moyens d’échange qu’elle établit entre les hâtions.La gastronomie régit la vie tout entière; car les pleurs du nouveau-né appellent le sein de sa nourrice; et le mourant reçoit encore avec quelque plaisir la potion suprême qu’hélas ! il ne doit plus digérer.
Elle s’occupe aussi de tous les états de la société; car si c’est elle qui dirige les « banquets dès rois rassemblés, c’est encore elle qui a calculé le nombre de minutes d’ébullition qui est nécessaire pour qu’un oeuf soit cuit à point.