3 – L’engouement des chinois pour les tabacs
Le métier de buraliste était une spécialité aveyronnaise à Paris, voilà encore quelques années. Plus de 60% des 3000 tabacs d’Ile de France appartenaient à des originaires du Rouergue.
Désormais, dans nombre de reprises de débits de tabacs, on retrouve des originaires de Chine ou d’Indochine. «Ils sont souvent les seuls à pouvoir rassembler la somme demandée pour la reprise d’une affaire à Paris» explique Claude Naudan, patron du Corona.
Paradoxe, alors que les buralistes français se plaignent des hausses constantes des taxes sur les cigarettes et de la chute du volume d’affaires, les nouveaux patrons ne semblent pas inquiets par ces perspectives. Comment expliquer cet engouement ?
«Ils savent que c’est un métier où il faut beaucoup travailler, 14 heures par jour sur six jours, c’est un métier où l’on vend des jeux d’argent, or les Chinois ont le goût du jeu. Nous n’avons pas constater de communautarisme dans les tabacs, au contraire.» souligne Jean-François Bonnet, directeur général du Syndicat des débitants de tabacs.
« Les Chinois qui reprennent des tabacs sont souvent issus comme moi de l’ethnie qui a quitté l’Indochine dans les années 70 après l’arrivée de Pol Pot et consorts. C’est avec ce pécule amassé en trente ans qu’ils reprennent les débits. Avec un tabac, on est sûr d’une recette, on sait que ça marchera toujours. » souligne Michael Lao (ci-contre), jeune franco-chinois de 26 ans qui a repris voilà un an, le Boyard, petit bistrot-tabac , rue Pierre Nemours dans le 17ème. Et dans ces établissements, on peut souvent vérifier que les Chinois constituent une des communautés les mieux intégrées. La plupart du temps, les clients français, leur restent fidèles, et la cuisine reste bistrot».