Olivier Bertrand réclame une baisse de la TVA sur la restauration à 5,5% quelle est votre position ?
La baisse de la TVA n’est pas notre combat prioritaire à ce jour. Nous gardons aussi un souvenir amer de l’image qu’on avait récoltée quand on l’avait obtenue.
Bercy ne l’acceptera pas.. Tôt ou tard, l’Etat doit lever l’impôt. Nous sommes confrontés à un problème de charges sociales et de coût du travail, nous avons la possibilité inespérée de le faire comprendre à l’Etat et c’est pour cela que nous focalisons nos négociations sur cet aspect. Et dans notre activité, on sait que le redémarrage va être lent.
Quel est l’ampleur du désastre qui se profile ?
Nous avons mené l’enquête auprès de nos adhérents. 11% nous ont dit qu’ils ne rouvriraient pas. Et in fine, je pense que la « casse » sera plutôt entre 20 et 25%. Parmi les plus impactés, on relève notamment ceux qui ont créé leur affaire il y a un an à peine mais aussi ces jeunes groupes qui ont deux ou trois restaurants et qui ont financé leur développement sur la réussite du premier. Il y a enfin vraisemblablement des grands groupes qui se sont développés avec un endettement très lourd. Tant que la roue tourne ça marche mais dès que la vitesse ralentit ça devient très compliqué avec les échéances à régler.
Mais ces mises en liquidation ne seront-elles pas des opportunités pour les grands groupes ou des chaînes de fast-food à mettre la main sur des fonds à prix bradés ?
Je n’y crois pas. Au contraire, je serais plutôt optimiste pour les indépendants. Nous avons proposé la mise en place d’un fonds d’investissement HCR avec la BPI pour limiter leur endettement en leur permettant de « monter au capital » et de se développer. Et cela fonctionnera même pour des « petites affaires ».
Pourtant, il difficile de croire que ça ne va pas être compliqué pour les petits bistrots dans les prochains mois ?
Oui, pour le bistrot de comptoir ça va être très compliqué. Ce sont des affaires qui nécessitent du volume, dont la proximité avec le client fait partie de leur ADN, et les tickets moyens sont très raisonnables, nul doute que les mesures sanitaires mettront à mal l’équilibre économique de ces bistros . C’est pour eux que nous nous battons pour obtenir ces exonérations de charges. Un certain nombre de patrons ont les reins suffisamment solides pour passer ce mauvais moment. Pour d’autres, ce pourrait être l’occasion d’un changement de génération en passant la main aux plus jeunes.
*Le GNI (Groupement National des Indépendants de l’Hôtellerie-Restauration) est premier syndicat sur Paris – IDF