« Une assiette de moules pour trois !» René Félix, patron du Rond-Point, brasserie postée devant le cimetière du Père Lachaise, n’avait jamais vu ça en près de 40 ans de métier. Et pourtant son expérience n’est pas si anecdotique à lire le communiqué du GNI (Groupement National des Indépendants) publié le 27 août. On y lit par exemple que «Paris broie du noir ».«Tous les professionnels du secteur pointent une baisse de leur CA. Les hôteliers constatent une érosion de -2 à -5% avec notamment une défection de la clientèle familiale. …Quant aux cafetiers, malgré les beaux jours de juillet et d’août, ils déplorent un manque à gagner souvent supérieur à -10 %. » Pour sa part le Comité Régional de Tourisme (CRT) Paris Ile-de-France pointe une fréquentation touristique dans Paris intra-muros en recul de 1,8 % au premier semestre en termes d’arrivées hôtelières.
De quoi mettre un sérieux bémol à la satisfaction affichée le 20 août par Laurent Fabius, le ministre des affaires étrangères en charge du tourisme, qui évoquait une « tendance qui s’annonce excellente » avec « un nouveau record mondial de fréquentation» qui pourrait dépasser les 85 millions de visiteurs. Cela est dû notamment grâce à l’augmentation du nombre de visiteurs chinois qui pourrait dépasser les 2 millions.
Cela ne compense pas le déclin des « belles » clientèles des brasseries et restaurants de la capitale telles que les Japonais (-21%) et les Russes (- 39%)…Même les palaces sont désertés…
Quant aux touristes français ou européens au pouvoir d’achat contraint, ils se serrent la ceinture. Et cela implique selon les professionnels un effet Airbnb non plus seulement sur le remplissage des hôtels mais sur celui des restaurants. Ainsi, selon le GNI, Paris est devenu en quelques années « le terrain de prédilection d’Airbnb qui menace désormais clairement ce pan stratégique de l’économie parisienne.» Les professionnels «notent une évolution inquiétante quant à la fréquentation des cafés et restaurants paradoxalement concurrencés par l’explosion de l’hébergement de type Airbnb qui modifie les pratiques de consommation en vacances, en favorisant les repas pris à domicile.» Et les professionnels de demander au gouvernement un encadrement des activités des services type Airbnb.