Jamais brasserie parisienne n’a connu une telle couverture médiatique mondiale. Depuis que le nouveau président de la République y a fêté sa victoire au premier tour de la présidentielle, la Rotonde est devenue le nouveau phare de Montparnasse. Une bénédiction ? Pas forcément, si elle suscite l’attention de malfaisants … mais le fait est qu’elle restera associée à Emmanuel Macron et à sa jeunesse. Et ça, ses patrons en sont plutôt satisfaits. «C’est quelqu’un de très simple et de très gentil qui vient ici depuis dix ans. » explique Serge Tafanel qui dirige ce beau navire avec son frère Gérard.
La comparaison avec le Fouquet’s instrumentée par Florian Philippot hérisse le patron de la brasserie. Car cette popularité de la Rotonde qui semble si soudaine n’est pas née du hasard ou d’une connivence de people. Ce succès semble bien le fruit d’un travail assidu de 25 ans de ces deux « aubergistes » cantaliens, issus d’une illustre famille de la limonade parisienne, de haut rang dans la « bistrocratie ». Dans leur affaire, les deux frères Tafanel veillent au grain chaque jour. A connaître la moindre habitude de leurs clients et à les sustenter d’une cuisine savoureuse avec la régularité d’un train suisse. Le genre à se contenter d’une semaine de congé par an.

Les politiques, bonnes fourchettes par définition, ont donc peu à peu pris leurs aises et habitudes à la Rotonde. Sans esprit de parti. «Nous servons tout le monde ici, de Philippe de Villiers à François Hollande qui avait fêté ici, sa victoire à la primaire en octobre 2011» souligne Serge Tafanel.
Devenue l’une des « cantines » favorites du tout-Paris politique et de l’intelligentsia, la Rotonde achève d’éclipser Lipp, joyau de l’empire d’un autre Cantalien, Olivier Bertrand. Or justement ce dernier négocie le rachat du Groupe Flo qui après celui de Frères Blanc lui permettra de réunir sous sa coupe, la quasi-majorité des grandes brasseries de la capitale. A commencer par la Coupole, brasserie prestigieuse mais déclinante de Montparnasse. Et cette prise de contrôle signe pour de nombreux observateurs et cafetiers la fin des indépendants à la tête des belles affaires. Vu sous cet angle, Macron à la Rotonde prend un tout autre sens…