Lorsqu’aux premiers sourires du printemps, l’astre du jour, répandant sa chaleur, multiplie ses clins d’oeil amoureux aux éboulis calcaires des falaises du Pic Saint-Loup, le « clan Orliac » s’affaire aux ultimes et précieuses tailles de nobles cépages…
Sécateurs chansonniers répétant à l’envi que « Taille tôt, taille tard/ /Rien ne vaut taille de mars »… Même si l’on est encore en février. Cliquetis sifflotés au coeur des garrigues, là où s’enchâssent des vignes complantées sur les fertiles terreaux de l’Hortus, jardin de délices dits épicuriens dans la langue de Ciceron.
Ordinaire l’Hortus ? Oui ! Car, consciente de l’importance de la bio-diversité, la famille Orliac n’a pas attendu l’incantation bio des sirènes « boboistes » pour garder vivant le cadre nature des ébats de ses vignes, respectant ainsi la consistance de complexités géologiques et la vigueur d’une flore offrant la garantie d’indispensables protections climatiques. Au final, d’émouvantes clairières de vignes constituent l’Extra visuel de cet immense jardin rafraîchi au gré du vent Marin venu de notre Mère Méditerranée. Artisans de l’Ordinaire et artistes de l’Extra, la fratrie Orliac sait depuis toujours que « science sans conscience » étant « ruine de l’âme », il convient de ne pas quitter la nature d’un pas. Pour l’accompagner et non la dompter, la martyriser ou la jetant à bas en repoussant ses limites naturelles.
Allez donc à l’Hortus – ce n’est qu’à 30 kilomètres au nord de Montpellier – et vous aurez une petite idée des efforts ici déployés. Et de l’amour quasi viscéral porté aux travaux et aux champs. Vous ne vous étonnerez point alors que l’Hortus ait été surnommé « Le Pétrus du Languedoc ». A la différence près que l’on ne se contente pas, ici, de la culture d’un ou deux cépages. Chaque parcelle a été étudiée pour recevoir LE cépage adéquat. L’accord, encore et toujours, avec Dame Nature. Jusqu’au plus intime des détails. Y compris ceux que l’on compose au sein du chai.

Bergerie de l’Hortus 2019 – Du cousu main
Réparties sur une soixantaine d’hectares, les règes de cette Bergerie s’étalent sur des parcelles pentues des éboulis calcaires du Crétacé. Plantée serrée -4000 à 7000 pieds à l’hectare- sur les flancs nord du coteau, la vigne va devoir puiser dans les tréfonds de chacune des parcelles, la nourriture indispensable à sa croissance. A la syrah ( 60% de l’assemblage) qui mûrit vite, les parcelles ombreuses, au paresseux mourvèdre(20%) les parcelles sudistes très ensoleillées, au grenache, le « climat » équilibré du bas des coteaux. Au final des rendements ajustés et, risquons le mot, « calibrés», allant de 30 à 45hl/ha. Assemblés, les jus de ces trois compères bachiques seront travaillés en finesse dans un temps relativement court. Une année d’élevage en cuve pour le grenache et la syrah. Le mourvèdre- petit chouchou va!- se fera complice du merrain dans des tonnes de deux vins.
Admirable, la parure pourpre profond de ce 2019 s’illumine de flammèches indigo. Message annonciateur des complexités d’un bouquet olfactif qui s’ouvre peu à peu sur une palette de parfums généreux.Fruits rouges (cerise, fraise des bois) et noirs (prune d’Ente, myrtille, cassis surmûri) qui se combinent aux délicatesses florales de la violette. La bouche possède un joli grain de tanins lissés. La finale donne la parole à un discret boisé, bien fondu, stimulé de notes de poivre et, après une longue aération, émerge le caractère pierreux et rafraîchissant d’un terroir gavé d’essences méridionales. De la haute couture au tarif du prêt à porter pour ce beau classique du Pic Saint-Loup à qui vous donnerez la compagnie d’une « poule faisane venue du Périgord ».
Prix départ propriété : 13,25 €
http://www.domaine-hortus.fr