C’est un domaine à faire renier la Révolution française à un jacobin tant les vins du Château de Tracy remontant au XVème siècle semblent au fil des millésimes d’une noblesse et d’une pureté incomparable. Ce pouilly-fumé est aussi un cinglant démenti aux « marketeurs du vin » qui considèrent le sauvignon comme un cépage dédié à la massification grâce à son profil de goût standardisé et surtout, un prix de revient maîtrisé, d’où une surface plantée sur la planète qui monte en flèche.
C’est oublier à la fois le terroir – en l’occurence, celui du Château de Tracy avec ses sols d’argiles à silex et des calcaires du kimmeridgien et l’opiniâtreté de l’humain. Sur ce point, Juliette d’Estutt d’Assay, dernier maillon d’une illustre lignée de vigneron, a des arguments à faire valoir. Outre un travail de son vignoble certifié HVE ( Haute Valeur Environnementale), elle pratique un élevage long et des bâtonnages durant huit mois… Résultat : des vins puissants à la trame minérale longue avec des notes d’agrumes, de fleurs blanches et d’épices. Des cuvées qu’il vaut mieux oublier deux ans en cave. La cuvée 2015 d’entrée de gamme ( 21€) s’avère fluide avec une trame presque tranchante. La cuvée Haute Densité 2015 ( 44 €) – issue d’une parcelle plantée de 1700 pieds/ha- donne un nez fumé incroyablement séducteur. Reste la confidentielle cuvée ( 3000 bouteilles) baptisée 101 Rangs, issue de vignes de 60 ans d’âge et dont la moitié est élevée neuf mois en fût de 500 litres. Un vin racé à la bouche charnue, mêlant silex et notes beurrées. Comptez 60 €.
Bon à savoir : journée Portes ouvertes le samedi 18 août prochain