Rare pour un 1ères côtes de blaye, voilà un domaine en train de basculer en bio. Bruno Martin, son propriétaire, est aussi calme qu’opiniâtre à faire un vin racé et à ne pas se laisser enfermer dans un système… « Nous sommes une petite appellation très contrôlée par les négociants où les grands font des vins industriels.» Ce n’est pas le genre à cautionner le trempage des copeaux de bois «On ne fera jamais de grands vins avec ça.»

Son père lui a légué ce domaine de 30 ha remembré et replanté par ses soins. Un vignoble enherbé qui n’a jamais connu de désherbant chimique, ce qui aide pour passer en bio. Label qu’il pourra afficher pour le millésime 2010.
En 2008, Bruno Martin s’est mis à la biodynamie avec tisanes de presle, d’orties ou de camomilles qu’il a appris à confectionner avec une conseillère. Visiblement, il est heureux du résultat. A ses yeux, 2008 est un millésime miraculeux, la succession des pluies et soleil n’ont laissé que le meilleur sur les pieds. «Je n’ai pas rentré de raisin à moins de 13,8°».
L’homme fait porter ses efforts sur le travail du raisin faisant tomber tout ce qui n’est pas nécessaire pour parvenir à la meilleure concentration. Il limite l’effeuillage au levant. En clair, il effeuille uniquement du côté Est pour permettre au soleil de réchauffer ses vignes dès potron-minet. Jamais à l’ouest afin de leur éviter le dessèchement.

Son rendement est faible, de l’ordre 30 hl/ha quand la plupart des Blaye sont au maximum autorisé par le décret, soit 55 hl.
Bio mais pas intégriste, Bruno Martin vendange à la machine. En revanche, avec son équipe, il ne laisse passer aucune brindille sur la table de tri et ne prend que les grains mûrs. Côté vinification, on ne sera pas surpris d’apprendre qu’il n’utilise que ses levures pour la fermentation. L’élevage se fait en fûts de chêne.
Au final, beau domaine qui produit l’un des vins les plus élégants et racé du blayais avec des arômes de poires et une bouche un peu épicée. Quant à son son 100 % malbec, noir comme de l’encre, il est un peu âpre. Un jugement qu’il faudra sans doute revoir dans 10 ans.
En savoir plus sur l’appellation.
Château Roland La Garde
33390 Saint-Seurin de Cursac