Alors que certains filent vers les vignobles du Nouveau Monde, Cyrille et Estelle Bongiraud ont posé leurs pénates dans un village aux confins de la Serbie, là où le Danube sert de frontière avec la Bulgarie et la Roumanie. En 2007, ils tombent, au hasard d’une panne de voiture, sur Rogljevo, un village de caves superbes, sorte de Meursault ou de Gevrey-Chambertin endormis comme le château d’une Belle au Bois dormant par 70 ans de titisme.
Adeptes de vins bios et nature, Estelle, fille de vigneron bourguignon, et Cyrille, géologue passé par la Romanée-Conti, ont tôt fait de croire au potentiel de ce terroir calcaire à produire des vins complexes et fins sans artifices chimiques. C’est ce côté «Bourgogne antique» et extrême, où les températures ont des amplitudes de 50° entre l’hiver et l’été, qui leur a plu. Ici, ce ne sont pas les moines qui ont travaillé certaines parcelles mais des romains de Pannonie, province de l’Empire qui, comme le rappelle Cyrille a donné 17 empereurs. A commencer par l’empereur Constantin.
Dès l’automne 2007, la vinification d’une barrique conforte les deux Français dans leurs intuitions. Ils signent un contrat avec une dizaine de vignerons pour l’achat des raisins durant 10 ans. Ils reprennent et aménagent une superbe cave voûtée et font venir de France par poids-lourd un pressoir et des cuves inox achetés d’occasion en Beaujolais et en Alsace. Ainsi que des fûts de chêne de trois vins d’excellente provenance bourguignonne…Depuis, ils n’ont cessé d’aligner des cuvées précises et précieuses, affichant finesse et fraîcheur, pour une production annuelle de 25 000 cols.