Marc Tempé a un caractère bien trempé ! Ce fils de vigneron n’a pas hérité d’un grand domaine, mais d’un 1,5 ha en coopérative. Avant de reprendre la vigne paternelle, il a pris des chemins de traverses, travaillant une fois son brevet de technicien viticole en poche comme vinificateur dans une coopérative – «J’y ai pris conscience de ce que je ne voulais pas faire »- puis durant 11 ans à l’INAO d’Alsace.
Là, il a arpenté la plupart des vignobles d’Alsace, suivi les vins à problèmes et travaillé sur les délimitations des appellations de la deuxième vague des grands crus alsaciens au milieu des années 80.

En 1993, il quitte l’INAO et regroupe sa vigne avec celle de son épouse, elle aussi, fille de coopérateur. A eux deux, ils se retrouvent à la tête d’un vignoble de 8 hectares composé d’une trentaine de parcelles réparties sur les communes de St Hippolyte, Hunawihr, Zellenberg, Sigolsheim et Kientzheim.
Tout de suite, il le conduisent en bio et passent à la biodynamie en 1996 traitant à la purée d’ortie leurs vignes destinées au grand cru de Mambourg. «J’ai fait partie de la seconde vague des vignerons bio alsaciens derrière Pierre Frick et Eugène Meyer. Aujourd’hui, avec 10% de la surface du vignoble Alsacien en bio, on représente un certain poids. Il faut qu’on s’implique pour faire prévaloir le terroir. »
L’homme a beau être un écolo pur-jus qui manifeste pour la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, pour le vigneron qu’il est, tout ce qui est bio n’est pas forcément bon. «La qualité du vin réside dans les rendements et le risque est qu’on se mette à faire du mauvais vin bio, à jouer la production en faisant pisser la vigne à 100 hl/ha en recouvrant les vignes de compost et de fumures. » explique Marc Tempé, qui assure ne pas mettre un gramme de compost sur ses vignes.
Son obsession de respecter son raisin bio se poursuit à la cave et le pousse à garder ses vins deux ans sur lies. Il est, d’après lui, l’un des rares à faire de l’élevage en barrique durant deux ou trois ans. Evidemment, ne lui parlez pas des levures exogènes qui sont à ses yeux une trahison du vin et en tout cas, le signe d’une volonté de formatage… Autre trahison à ses yeux, celle d’abandonner les classifications par cépages et de jouer l’assemblage. «C’est un danger pour le vignoble alsacien.» Mais le grand défi, c’est d’arriver à une non-filtration. En attendant, il produit des merveilles telles que ce grand cru de Manbourg Gewurztraminer, 36 mois de barrique.
Bistros et vignerons, mettons-nous tous autour de la table !
«Il faut qu’on parvienne à se mettre tous autour d’une table ! »
«Certains veulent des vins à moins de 4 €. Moi avec mes cuvées, je ne m’en sors pas à moins de 8 €. Et je ne suis pas seul. Il faut que tout le monde joue le jeu sinon le jour où les indépendants comme nous ne serons plus là, les bistrots n’auront plus que des marques de grande distribution.»
Selon Marc le danger est réel car les nouvelles générations n’ont pas forcément l’âme vigneronne . «Quand ils voient le travail que ça représente, il n’est pas sûr que nos enfants reprennent un jour nos vignes. »